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1834 : Début de l'abolition

La loi de 1833 sur l'abolition de l'esclavage, connue sous le nom de Slavery Abolition Act 1833, est une législation historique adoptée par le Parlement britannique. Elle représente une étape majeure vers l'abolition de l'asservissement dans l'Empire britannique. Cette loi n'a pas aboli instantanément l'asservissement, mais elle a initié un processus progressif qui a abouti à l'émancipation des personnes asservies et à la fin de l'esclavage mobilier.
Émancipation immédiate pour certains : La loi stipule que toutes les personnes asservies âgées de moins de six ans doivent être libérées immédiatement. Toutefois, les personnes âgées de six ans et plus étaient tenues de continuer à travailler en tant qu' « apprentis » pour leurs anciens asservisseurs durant une période de quatre à six ans (période qui variait selon l'âge et la situation géographique de l'individu). Pendant cette période d'apprentissage, les anciens asservis étaient censés recevoir un salaire pour leur travail. Indemnisation des asservisseurs : La loi prévoit également l'indemnisation des asservisseurs pour la perte de leurs « biens ». Le gouvernement britannique a alloué une somme importante, équivalant à environ 20 millions de livres sterling (soit 35 millions de dollars canadiens actuels), pour indemniser les asservisseurs suite à l'émancipation des personnes asservies.
L'émancipation totale : La période d'apprentissage était conçue comme une phase de transition, au cours de laquelle les personnes asservies continuaient à travailler pour leurs anciens asservisseurs, tout en recevant une certaine rémunération et en bénéficiant de certaines protections juridiques. Cependant, en réalité, de nombreuses personnes asservies ont été confrontées à des conditions d'exploitation pendant cette période. La loi stipulait que l'émancipation totale devait être réalisée au plus tard le 1er août 1838, date à laquelle tous les apprentissages devaient prendre fin. Impact sur l'Empire : La loi de 1834 sur l'abolition de l'esclavage s'applique à la plupart des colonies et territoires britanniques, mettant ainsi fin à l'institution légale de l'asservissement dans l'Empire britannique. Il existait toutefois des exceptions, comme les territoires jugés cruciaux pour les intérêts économiques britanniques, tels que les colonies productrices de sucre dans les Caraïbes. Dans ces régions, le système d'apprentissage a perduré au-delà de 1838.
Cette loi a représenté un tournant important dans la lutte contre l'asservissement et a été l'aboutissement d'années de plaidoyer de la part des abolitionnistes, tant en Grande-Bretagne que dans les colonies. Bien que la loi ait représenté un pas vers la liberté pour les personnes asservies, sa mise en œuvre s'est avérée complexe et son impact a varié à travers les différentes régions de l'Empire britannique. Néanmoins, la loi de 1834 sur l'abolition de l'esclavage demeure une étape cruciale dans la lutte mondiale contre l'asservissement, témoignant des efforts inlassables de ceux qui ont lutté pour son abolition.

Une longue marche vers la liberté : Le chemin de fer clandestin

Le chemin de fer clandestin désignait un réseau secret d'individus, de refuges et d'itinéraires empruntés par les personnes noires asservies pour fuir l'asservissement aux États-Unis et atteindre la liberté au Canada et dans d'autres États du Nord. Bien que la plupart de ses activités se soient déroulées aux États-Unis, le chemin de fer clandestin s'est étendu au Canada et a joué un rôle important dans l'histoire de la libération des Noirs dans la région.

Le Canada, en particulier le Canada-Ouest (la province de l'Ontario), est devenu une destination essentielle pour de nombreuses personnes asservies en quête de liberté. Ces personnes en quête de liberté qui réussissaient à franchir la frontière s'installaient souvent dans diverses villes canadiennes, dont Toronto, Windsor, Chatham et Niagara Falls. Des anciens asservis, des Noirs libérés abolitionnistes, des abolitionnistes blancs, ainsi que certains peuples autochtones, ont collaboré pour aider les personnes asservies à s'échapper en se dirigeant vers le Nord. Ces personnes courageuses leur ont fourni de la nourriture, un abri et des conseils tout au long de leur périlleux voyage. Des figures emblématiques telles que Harriet Tubman, qui s'est échappée de l'asservissement et a par la suite aidé des centaines d'autres à accéder à la liberté, ont joué un rôle crucial dans le fonctionnement du chemin de fer clandestin.

La loi sur les esclaves fugitifs

En 1850, les États-Unis ont adopté la loi sur les esclaves fugitifs (Fugitive Slave Act), qui a intensifié les efforts pour capturer et renvoyer les personnes asservies en fuite. Cette loi incite les personnes en quête de liberté à se réfugier au Canada, où elles sont moins susceptibles d'être capturées.

La fin de la guerre civile américaine et l'abolition de l'asservissement aux États-Unis en 1865 ont marqué la fin officielle des activités du chemin de fer clandestin.

Le magasin « Lester and Gibbs » a été l'un des premiers concurrents de la Compagnie de la Baie d'Hudson. Il vendait des marchandises et de l'équipement aux mineurs qui passaient par Victoria en route vers les champs aurifères.
Malgré l'établissement de colonies noires libres au Canada, une migration inverse a commencé à se produire dans les années qui ont suivi, de nombreux Afro-Américains retournant aux États-Unis. Les raisons invoquées allaient du regroupement familial aux mauvaises conditions climatiques et foncières, mais aussi au racisme. Nombreux sont ceux qui ont constaté que le Canada n'était pas plus propice à leur libération que les États-Unis et qui ont donc choisi de rentrer.
Il est important de noter que si le Canada a joué un rôle important en aidant les Noirs asservis à obtenir la liberté, les expériences de racisme et de discrimination n'ont pas pris fin avec l'arrivée sur ce territoire. Les personnes d'ascendance africaine ont également été asservies pendant plus de deux cents ans et, suite à leur émancipation, diverses formes de racisme anti-noir se sont manifestées.

Le mouvement anti-asservissement au Canada

Les Canadiens se sont mobilisés pour faire pression en faveur de la fin de l'asservissement aux États-Unis, et ces efforts se sont intensifiés après l'abolition de l'asservissement dans les colonies britanniques. Plusieurs organisations anti-asservissement ont été créées par des habitants noirs. L'African Abolition Society a été créée à Halifax en 1846 par le pasteur baptiste Richard Preston et d'autres membres de la communauté noire. Le groupe était composé d'Afro-Américains en quête de liberté, de descendants de personnes noires asservies en Nouvelle-Écosse, et de Noirs libres. L'AAS « se consacre à l'éradication d'une institution illégale dans l'Empire britannique depuis 1834... », mais vise également à améliorer la vie des résidents noirs par la charité, l'éducation, la religion et le développement communautaire. Elle a apporté son aide aux chercheurs de libertés pendant la période la plus intense de leur arrivée, entre les années 1840 et 1850, et a invité des conférenciers à parler de l'histoire africaine, de l'asservissement et de l'impact de la loi de 1850 sur les esclaves fugitifs. Ils ont également accueilli d'autres événements communautaires, notamment les célébrations de l'anniversaire de l'abolition de l'asservissement britannique, le jour de l'émancipation.
À Toronto, des résidents noirs créent la Toronto Abolition Society (également connue sous le nom de British-American Anti-Slavery Society) en 1833. L'organisation a son siège à Toronto et s'efforce d'ouvrir des antennes dans d'autres communautés noires de la province. Elle apporte son soutien aux chercheurs de libertés qui arrivent dans la ville, milite pour la fin de l'asservissement et parraine les commémorations du Jour de l'émancipation qui ont lieu dans les années 1830 et 1840.
La Société antiesclavagiste du Canada était une autre organisation basée à Toronto qui se consacrait à l'éradication de l'institution de l'asservissement et à la promotion de l'égalité raciale. Créée en 1851, la société rassemblait des abolitionnistes noirs et blancs unis dans leur mission de lutte contre l'asservissement et de promotion de l'émancipation. Ils étaient également activement impliqués dans le réseau du chemin de fer clandestin. Les dirigeants de la société étaient majoritairement des chefs religieux blancs issus de différentes confessions, notamment presbytérienne, baptiste, congrégationaliste, méthodiste et quaker. Parmi eux, Michael Willis et William McClure se distinguaient. Parmi les autres membres blancs figuraient George Brown, éditeur du Globe, et le politicien Oliver Mowat.

Parmi les membres noirs, Henry Bibb, un ancien asservi devenu abolitionniste et journaliste de premier plan, ainsi que l'abolitionniste noir Samuel Ringgold Ward, ont joué un rôle crucial dans l'élaboration de l'ordre du jour de la société.

Bibb est nommé vice-président de la branche locale de Windsor. Bibb et Ward ont joué un rôle clé en exposant les horreurs de l'asservissement et en défendant activement les droits et la libération des Noirs. D'autres abolitionnistes noirs notables, dont Wilson Ruffin Abbott, Mary Ann Shadd Cary, Josiah Henson et Aby Beckford Jones, ont également contribué de manière significative aux efforts de la société, soulignant le rôle clé des activistes noirs dans la lutte contre l'asservissement.

Henry Bibb, un ancien asservi

Voice of the Fugitive

Voice of the Fugitive (1851-1852) est l'un des premiers journaux noirs au Canada. Fondé et édité par Henry Bibb et Mary E. Bibb, ce journal s'adresse aux chercheurs de liberté et aux réfugiés noirs. Les sujets abordés comprenaient le chemin de fer clandestin, le travail d'abolition au Canada et aux États-Unis, ainsi que l'encouragement à l'autosuffisance des communautés noires.

The Voice of the Bondsman

« The Voice of the Bondsman » a vu le jour à Stratford sous l'impulsion de l'abolitionniste John J.E. Linton. Son objectif était d'informer les Canadiens et de les inciter à dénoncer « l’esclavage des personnes considérées comme des biens meubles, ainsi que la complicité et le soutien à ce système ». Linton a promu l'aide aux asservis évadés ou libérés qui cherchaient un refuge au Canada et a mis en garde contre le soutien apporté aux entreprises américaines qui approuvaient l'asservissement ou en faisaient l'apologie. Seuls deux numéros de la publication ont été produits et distribués à seulement 5 000 exemplaires.

Cependant, la Société antiesclavagiste du Canada a dû faire face à certaines critiques. Certains critiques, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la société, l'ont accusée de ne pas s'attaquer suffisamment au racisme et à la discrimination systémiques dont sont victimes les Noirs, au-delà de la question de l'asservissement. Bien que la société se soit principalement concentrée sur la fin de l'asservissement, certains ont argumenté qu'elle aurait dû adopter une approche plus proactive en abordant les questions plus larges d'inégalité raciale et en militant pour l'égalité des droits et des chances pour les personnes noires.
En outre, des débats ont eu lieu au sein de la société sur les méthodes les plus efficaces pour parvenir à l'abolition. Certains membres croyaient en une émancipation progressive et pacifique, tandis que d'autres prônaient une action plus radicale et directe. Ces points de vue divergents ont parfois entraîné des tensions et des désaccords au sein de l'organisation.
Malgré ces critiques et ces débats internes, la Société antiesclavagiste du Canada a joué un rôle important dans la sensibilisation aux horreurs de l'asservissement et dans la promotion de son abolition. Les contributions des abolitionnistes noirs au sein de la société ont permis de faire avancer la cause de la liberté et de l'égalité, ouvrant la voie aux luttes plus larges pour les droits civiques et la justice sociale au Canada.

Actualités noires au Canada : Mary Ann Shadd Cary

Mary Ann Shadd Cary était une éducatrice, une journaliste et une militante de l'égalité raciale. Née en 1823 à Wilmington, dans le Delaware, elle a joué un rôle crucial dans la lutte pour la justice et les droits civiques aux États-Unis et au Canada. Connue pour sa franchise et son engagement en faveur de l'égalité raciale, Shadd Cary s'est engagée dans le mouvement abolitionniste.

“The Provincial Freeman”

En 1851, Shadd Cary s'installe à Windsor, en Ontario, où elle poursuit son travail d'éducatrice et de journaliste. Fervente partisane de l'émigration des Noirs au Canada, elle promouvait les possibilités et les libertés offertes par ce pays. En 1853, elle devient une pionnière en étant la première femme, noire ou blanche, à fonder et à diriger un journal, « The Provincial Freeman ». Cette publication se consacre à l'abolition de l'asservissement et soutient fermement la réinstallation des Noirs américains au Canada. « The Provincial Freeman » est également devenu une ressource inestimable pour ceux qui cherchaient à fuir l'asservissement en empruntant le chemin de fer clandestin.

L'action de Shadd Cary s'étendait également aux droits des femmes. Elle a ardemment défendu le droit de vote des femmes, soulignant le rôle vital des femmes dans les questions sociétales et politiques. Ce dévouement lui a valu le respect et l'admiration des Noirs et des défenseurs des droits de la femme.
Plus tard, après son retour aux États-Unis en 1863, Shadd Cary s'est lancée dans une carrière juridique, obtenant un diplôme de droit à l'université Howard. Elle est ainsi devenue la deuxième femme noire des États-Unis à obtenir un tel diplôme. Par la suite, elle a exercé le droit à Washington, D.C., consolidant ainsi son héritage en tant que force pionnière aux multiples facettes.
La vie et l'œuvre de Mary Ann Shadd Cary restent une source d'inspiration, reflétant un engagement résolu en faveur de l'égalité, de la justice et du progrès.

Le droit de vote et de représentation : Mifflin Gibbs

Malgré la persistance de la discrimination raciale après l'abolition, les personnes noires ont persévéré, s'établissant souvent au Canada en quête de meilleures opportunités et d'une représentation plus complète dans la politique coloniale.

Né à Philadelphie en 1823, Mifflin Wistar Gibbs, un abolitionniste, homme d'affaires et politicien, est arrivé à Victoria durant la ruée vers l'or des années 1850. Avant son émigration, il résidait en Californie où, en 1857, la Cour suprême des États-Unis a déclaré que les Africains américains libres n'étaient pas des citoyens américains, leur refusant ainsi toute liberté ou protection. En conséquence, Gibbs, son associé Peter Lester et d'autres Noirs libres ont accepté l'invitation du gouverneur James Douglas de s'établir dans l'actuelle Colombie-Britannique.

Le magasin « Lester and Gibbs » a été l'un des premiers concurrents de la Compagnie de la Baie d'Hudson. Il vendait des marchandises et de l'équipement aux mineurs qui passaient par Victoria en route vers les champs aurifères.

Suite à l'abolition de l'asservissement, en tant que sujets britanniques, les personnes noires avaient droit aux libertés et privilèges associés à ce nouveau statut, y compris au droit de vote.

Même s'il leur était difficile d'exercer pleinement leurs droits en Colombie-Britannique, le Canada leur offrait la possibilité d'exercer ces nouveaux privilèges. Gibbs devient actif en politique et organise même un bloc de vote noir pour soutenir un candidat aux élections.

En novembre 1866, il obtient un siège au conseil municipal de Victoria, représentant le district de la baie James, où il a établi sa résidence. Son soutien à la Confédération est évident lorsqu'il agit en tant que délégué de Salt Spring Island à la Convention de Yale en 1868. Ce rassemblement décisif avait pour but de décider si la Colombie-Britannique devait rejoindre la Fédération du Canada ou opter pour l'annexion aux États-Unis. Gibbs est un fervent défenseur du Canada et joue un rôle clé dans l'élaboration des conditions d'adhésion de la Colombie-Britannique à la Confédération canadienne.

L'île de Salt Spring est la première de la colonie de l'île de Vancouver. Elle est devenue un refuge pour les Afro-Américains qui quittaient les conditions racistes qu'ils subissaient en Californie.
Il est également réélu en 1869, mais prend un congé pour s'occuper d'un projet d'extraction de charbon à Haida Gwaii (alors appelé îles de la Reine-Charlotte), où il construit le premier tramway de Colombie-Britannique pour acheminer le charbon jusqu'à la marée.
Gibbs est finalement retourné aux États-Unis où il est devenu le premier juge municipal noir de l'Arkansas. Cependant, l'héritage qu'il a laissé au sein de la communauté noire de la Colombie-Britannique perdure encore aujourd'hui.