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Au début, nous étions Africain(e)s

Les années 1600 marquent les débuts de la colonisation européenne dans ce que l'on appelle aujourd'hui le Canada, et c'est à partir de là que débutent les histoires des peuples africains dans le Nord.
Il est important de reconnaître que les informations concernant cette période sont limitées et que les détails précis peuvent être rares. Toutefois, ce que nous savons avec certitude, c'est que cette époque marque les premiers témoignages européens sur l'arrivée des personnes africaines au Canada. Certains événements et individus notables donnent un aperçu de l'expérience des personnes noires au Canada au cours du 17e siècle.

Mathieu Da Costa

Parmi les figures les plus marquantes, on compte Mathieu Da Costa, que l'on pense être arrivé au Canada au début des années 1600. Marin et interprète, Da Costa a joué un rôle important en facilitant la communication entre différents groupes, notamment les explorateurs français, les colons acadiens et les peuples autochtones, afin qu'ils puissent faire du commerce.

En outre, on trouve des traces d'Africains asservis en Nouvelle-France (l'actuel Québec) au cours des années 1600.

Ces personnes ont été amenées de force au Canada par des colons français qui avaient établi des colonies et se livraient à des activités telles que la traite des fourrures, la pêche et l'agriculture. Le nombre exact de Noirs asservis à cette époque est difficile à déterminer, mais on estime qu'au moins 1440 personnes d'origine africaine ont été asservies en Nouvelle-France. La Nouvelle-France était une société avec esclavage, ce qui signifie que l'institution fonctionnait à petite échelle, contrairement aux économies de plantation de l'hémisphère sud. Les Noirs asservis dans la Nouvelle-France travaillaient dans divers domaines, notamment le service domestique, l'agriculture, l'exploitation minière, le commerce des fourrures, les métiers spécialisés et les entreprises de leurs asservisseurs.

En outre, la dynamique de la race et du statut social était complexe à cette époque. Si certaines personnes noires ont été asservies, d'autres ont réussi à obtenir leur liberté par divers moyens, tels que le service militaire pendant la révolution américaine, l'auto-libération ou la manumission. Toutefois, il est essentiel de reconnaître que, malgré leur liberté, les Noir(e)s étaient toujours confronté(e)s à la discrimination raciale et à des opportunités limitées au sein de la société.

Dans l'ensemble, les années 1600 ont été marquées par les premières rencontres entre les colons européens, les peuples autochtones et les communautés noires, dans la région qui allait devenir le Canada.

Les récits des personnes noires à cette époque mettent en lumière la diversité de leurs expériences et de leurs contributions à l'établissement du pays.

Mathieu Da Costa

Mathieu Da Costa, un marin noir libre, détient une place importante dans l'histoire du Canada. Il est reconnu comme la première personne d'origine africaine à arriver au Canada, ayant visité Port Royal en Nouvelle-Écosse.
On sait peu de choses sur le parcours de Da Costa avant son arrivée au Canada. Néanmoins, il est supposé qu'il ait reçu une éducation et qu'il ait été baptisé. Même son nom est contesté. Les documents anglais l'identifiant comme Mathieu Da Costa, les documents français comme Mathieu De Coste et les documents néerlandais comme Matheus de Cost. Des histoires contradictoires entourent les allées et venues de Da Costa à différentes époques.
Les registres le montrent guidant des explorateurs français dans la région du lac Champlain, et commerçant avec les Acadiens, des colons français en Nouvelle-Écosse, entre 1604 et 1607. À cette époque, il sert d'interprète aux Mi'qmak et aux francophones. Selon certains rapports, Da Costa, accompagné de trois autres personnes, serait mort du scorbut à Port Royal en 1607. Cependant, d'autres sources indiquent qu'il se trouvait en Hollande en février de cette même année.

Selon les documents historiques, Da Costa aurait été enlevé aux Français par des marchands hollandais et emmené à Amsterdam.

En 1608, il signe un contrat de trois ans avec les Hollandais pour travailler comme interprète et retourne au Canada avec Pierre Du Guade Monts ou pour lui. Cependant, il est ensuite capturé par les Français et emprisonné à La Havre, en France, en décembre 1609.

À partir de ce moment, Da Costa disparaît de l'histoire, laissant sa vie ultérieure dans le mystère. Mais son histoire nous amène à nous poser une question importante : à quoi aurait ressemblé le monde si les personnes noires n'avaient pas été considérées comme de simples esclaves au service de la volonté d'autrui?

Marie-Joseph Angélique

Marie-Joseph Angélique était une femme noire asservie qui vivait en Nouvelle-France (aujourd'hui Montréal, Canada) au 18e siècle. Son histoire constitue un chapitre à la fois tragique et essentiel de l'histoire canadienne, mettant en lumière les difficultés et les luttes auxquelles les personnes asservies ont été confrontées.
En 1734, Marie-Joseph Angélique est asservie par François Poulin de Francheville, un marchand important de Montréal, puis par son épouse Thérèse de Couagne de Francheville lorsque celui-ci décède. La vie d'Angélique connaît un tournant dramatique avec l'éclatement d'un incendie dévastateur dans la ville le 10 avril 1734. Le feu se propage rapidement, engloutissant de nombreux bâtiments, dont celui où elle vivait avec son asservisseur. Dans le chaos, des rumeurs circulent selon lesquelles Angélique aurait délibérément provoqué l'incendie, en signe de rébellion contre son asservissement. Malgré l'absence de preuves concrètes, elle est arrêtée et accusée d'incendie criminel.
Angélique fait l'objet d'un procès fortement influencé par les préjugés et la partialité à l'encontre des Noirs. Le procès se conclut par un verdict de culpabilité et Angélique est condamnée à la mort par exécution publique. Le 21 juin 1734, elle est exécutée par pendaison en public. Son corps est ensuite brûlé sur un bûcher, et ses cendres sont dispersées dans les quatre points cardinaux. Son exécution constitue un rappel brutal de la sévérité du traitement infligé aux Noirs dans la société coloniale de la Nouvelle-France.
L'histoire de Marie-Joseph Angélique résonne à travers l'histoire, symbolisant la lutte des personnes noires asservies au Canada contre la subjugation et l'injustice raciale. Ces dernières années, des efforts ont été déployés pour réexaminer son cas et mettre en lumière le racisme et l'oppression systémiques auxquels les Noir(e)s étaient confronté(e)s à cette époque.
Lettre d'une religieuse discutant de l'incendie et de l'exécution de Marie-Joseph. Elle y dit : « Je dois vous dire quelque chose du Canada, un pays de croix et de souffrances. La ville de Montréal a de nouveau été touchée par un incendie comme en dix-sept cent dix-neuf. L'Hôtel Dieu a été consumé lors de cette catastrophe. La négresse a été exécutée à Montréal après avoir pris sur elle de demander pardon; elle est morte comme il se doit. »

Son histoire rappelle sombrement le besoin incessant de confronter et rectifier les injustices historiques, et sert de témoignage à la résilience et la force des personnes noires face à l'adversité.

La première vague de migrants : Les loyalistes noirs

Entre 1783 et 1785, durant et après la guerre d'Indépendance américaine, des milliers de Noirs, qu'ils soient asservis ou libres, ont fait le choix de se rallier aux Britanniques en échange de la promesse de leur liberté. Ils servent dans l'armée britannique en tant que bateliers, bûcherons, ouvriers, musiciens et cuisiniers. Ces personnes sont connues sous le nom de loyalistes noirs.
Fuyant les États-Unis, les loyalistes noirs se sont réfugiés dans diverses régions du Canada, notamment en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et en Ontario. Leur arrivée a marqué un tournant important dans l'histoire du Canada, car ils ont contribué à la formation de communautés dynamiques et ont joué un rôle essentiel dans le façonnement de l'identité du pays. À leur arrivée, les loyalistes noirs s'efforcent de s'installer dans leur nouvelle patrie. On leur promet des terres, des rations alimentaires et des outils. Cependant, en raison de leur race, les loyalistes noirs font face à d'importantes difficultés. Ils sont les derniers à recevoir des concessions de terres. Les possibilités d'emploi et d'éducation sont limitées. Les parcelles de terre qu'ils reçoivent sont plus petites et de qualité inférieure par rapport à celles accordées aux loyalistes blancs.
Ces conditions poussent de nombreux loyalistes noirs à chercher de meilleures opportunités ailleurs. En janvier 1792, un grand nombre de loyalistes noirs décident de quitter la Nouvelle-Écosse pour la Sierra Leone. Les expériences des loyalistes noirs, suivies de leur migration ultérieure, mettent en lumière les complexités de l'histoire des Noirs au Canada et aux États-Unis. Leurs histoires illustrent les défis rencontrés par les communautés marginalisées dans leur quête pour la liberté et la justice. L'héritage des loyalistes noirs témoigne de leur résilience, des obstacles surmontés et de leur lutte incessante pour l'égalité.

Captain Richard Pierpoint

Le capitaine Richard Pierpoint (également connu sous le nom de Pawpine) était un soldat britannique d'origine sénégalaise. Pendant la révolution américaine, Pierpoint a combattu aux côtés des Britanniques dans le régiment des Butler's Rangers, une unité militaire provinciale loyaliste. Après la guerre, les Rangers s'installent dans la région du Niagara, dans l'actuelle ville de St. Catharines. En tant qu'ancien combattant, Pierpoint avait droit à une concession de 100 acres de terre. Au lieu de cela, il demande plutôt à retourner dans son pays natal, le Sénégal. Sa demande est rejetée.

Carte des établissements des loyalistes noirs (Nouvelle-Écosse actuelle)

Pour fuir l'Amérique, les soldats noirs qui se trouvaient derrière les lignes britanniques avaient besoin de passeports. Ceux qui n'en avaient pas pouvaient être renvoyés dans leur pays d'origine, ce qui signifiait un retour à l'asservissement. 

Il semble que Cato Ramsey se soit échappé vers les lignes britanniques pour tenter d'obtenir sa liberté, qui lui a été accordée.

Au 18e siècle, le terme « serviteurs » était un euphémisme couramment utilisé pour désigner les personnes d'origine africaine asservies. Le retour de Morse englobe l'Île-du-Prince-Édouard et Saint John, au Nouveau-Brunswick. Il ne comprend pas Shelburne, où résidait un nombre important d'asservisseurs, ni l'île du Cap-Breton, où les asservis des Loyalistes étaient aussi présents.

Vers l'abolition : La loi sur la limitation de l'asservissement

L’Acte pour empêcher l'introduction des personnes asservies et pour limiter la durée des contrats de servitude, plus connu sous le nom d'Acte pour limiter l'esclavage, est une loi cruciale adoptée en 1793. Elle visait à restreindre et à abolir progressivement l'asservissement dans le Haut-Canada, aujourd'hui l'Ontario. Il s'agit d'une étape importante dans l'histoire des Noirs au Canada.

Il est important de noter que cette loi n'a pas immédiatement aboli l'asservissement.

Cette loi, présentée par le lieutenant-gouverneur John Graves Simcoe, marque un changement progressif dans la politique coloniale britannique à l'égard de l'asservissement. La Loi limitant l'esclavage interdit l'importation de personnes asservies dans le Haut-Canada, rendant illégale l'entrée de personnes asservies dans la province. Les personnes asservies au moment de l'adoption de la loi resteront 'asservies à vie', à moins d'être émancipées par leurs asservisseurs. Les enfants nés de femmes noires asservies après l'adoption de la loi peuvent être asservis jusqu'à l'âge de 25 ans, et les enfants nés de ces enfants naissent libres.

Au Bas-Canada (aujourd'hui le Québec), l'asservissement a commencé à disparaître progressivement après 1798, lorsque les partisans de l'asservissement n'ont pas pu faire adopter une loi confirmant la légalité de l'asservissement.
La loi visant à limiter l'esclavage dans le Haut-Canada est l'une des premières mesures législatives contre l'asservissement dans le monde atlantique. Elle reflète un sentiment croissant contre l'institution de l'asservissement de cette époque et ouvre la voie à de futures initiatives visant à abolir l'asservissement, ainsi qu'à promouvoir la liberté et les droits des Noirs canadiens.